6. LES LEUCEMIES
6.1.
RAPPELS
Les leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL) correspondent à
80 % des leucémies de l’enfant. Pour le reste, il
s’agit avant tout de leucémies aiguës myéloïdes ou
non lymphoblastiques (LAM/LANL).
L’étiologie correspond à l’infiltration de la
moëlle osseuse et des autres organes par des cellules
leucémiques.
Le début est souvent insidieux (malaise, infections,
pâleur, adénopathies, douleurs osseuses) ; mais chez
certains enfants, la maladie progresse très rapidement.
Du fait de l’extrême vascularisation des muqueuses
buccales, toute affection hématologique aura une
répercussion importante.
Physiopathologie :
Insuffisance de production de
toutes les lignées :
Neutropénie (diminution des
polynucléaires neutrophiles) avec risque d’infection
Thrombopénie (diminution des plaquettes) avec risque de
syndrome hémorragique.
Excès
de production, notamment chez l’adulte (maladie de
Vasquez après 40 ans).
Prolifération de cellules anormales.
Fréquentes chez l’enfant
(1 pour 3000).
Regroupe les leucémies aiguës caractérisées par une
prolifération lymphoblastique massive aux dépens des
polynucléaires et des monocytes.
Clinique :
Insuffisance médullaire :
pâleur, fièvre, saignements cutanéo-muqueux.
Syndrome tumoral avec des douleurs intraosseuses violentes
épiphysaires des membres et de la mandibule.
Adénopathies plutôt cervicales. Dans le cas
d’adénopathies cervicales inexpliquées, le
chirurgien-dentiste doit demander un hémogramme
et
adresser
l’enfant à son médecin traitant.
Splénomégalie.
Hépatomégalie.
Evolution vers des crises convulsives, paraplégie,
polynévrite des membres inférieurs.
Traitement :
la chimiothérapie cherche à éliminer la lignée
lymphoblastique maligne.
La rémission est obtenue dans 95 % des cas ; la survie
est supérieure à 5 ans dans 50 % des cas.
6.2.
MANIFESTATIONS BUCCO-DENTAIRES
Elles
permettent de suspecter la maladie.
On peut observer cliniquement :
-
Une pharyngite.
-
Une stomatite
ulcéro-nécrotique.
-
Une gingivite
hypertrophique.
Des saignements gingivaux.
Une pâleur des muqueuses.
Des douleurs mandibulaires.
Des pétéchies cutanées et/ou muqueuses.
On peut observer radiologiquement :
Une
perte de la lamina dura.
Une résorption de l’os alvéolaire.
Une destruction de la crypte osseuse de la molaire
inférieure la plus distale : c’est un signe de
rechute.
Les conséquences buccales de la thérapeutique :
Gingivorragies.
Atrophies des papilles
linguales.
Ulcérations des muqueuses.
Candidoses.
6.3.
APPROCHE ODONTOLOGIQUE
6.3.1.
Anamnèse
Le
chirurgien dentiste doit toujours prendre contact avec le
cancérologue.
Nous devons intervenir uniquement lors des périodes de
rémission et, en accord avec le cancérologue.
6.2.2. Anesthésie
Pas de précaution particulière
sauf si risque hémorragique important
Injection lente après aspiration
Pas de contre-indication aux vasoconstricteurs.
6.3.3. Prescriptions
Il
est impératif de proscrire les dérivés salicylés et les
médicaments hématotoxiques.
6.3.4. Soins
Prophylaxie : conseils
diététiques, fluorothérapie, fissures sealants, bains de
bouches antiseptiques et antifongiques.
Motivation à l’hygiène et
détartrage soigneux si et seulement
si les
globules blancs sont au moins au nombre de
2000/mm3 et 25 % de polynucléaires.
Traitement des lésions
carieuses en évitant tout foyer infectieux ou
inflammatoires :
Pas
de coiffage direct.
-
Extraction des
dents infectées si le nombre de plaquettes est supérieur à
100 000 /mm3, sous antibiothérapie, avec
suture et protection de la plaie.
-
En cas
d’ulcérations liées au traitement médical, on pourra
prescrire :
XYLOCAÏNE gel avant le repas.
Irrigations au sérum physiologique
Bains de bouche : 1/2 flacon d’ELUDRIL + 500 ml
de bicarbonate de soude à 14 % + 1 flacon de MYCOSTATINE
suspension.
Application de H2O2 .
FLUOGENCYL .
Suspension du brossage si nécessaire (Hydropulseur).
Chlorhexidine en collutoire (ELUDRIL ).