5. L’INFECTION PAR LE VIH


5.1. RAPPELS

Le S.I.D.A. pédiatrique, décrit pour la première fois en 1983, concerne les enfants de moins de 13 ans infectés par le Virus de l'Immunodéficience Humaine, V.I.H..
En décembre 1999, l'O.M.S. estimait que 1,3 millions d'enfants étaient infectés à travers le monde.

La maladie de l'enfant, dans sa présentation clinique et ses caractéristiques biologiques, est souvent très proche de celle de l'adulte. La réplication continue du V.I.H. aboutit, dans un délai variable, au même type de déficit immunitaire, avec des conséquences infectieuses, viscérales et néoplasiques.
Le S.I.D.A. pédiatrique présente néanmoins des particularités :
- A l'inverse de l'adulte, l'enfant infecté par la mère a un système immunitaire immature.
- Une forme précoce est développée par 10 à 15 % des enfants quelques mois après la naissance. Elle est caractérisée par un déficit immunitaire sévère et des conséquences infectieuses, souvent associés à une encéphalopathie.
- La forme lentement évolutive concerne les enfants ne développant pas de déficit immunitaire sévère rapide.



Une classification clinique et biologique du S.I.D.A. pédiatrique a été mise au point en 1996 : elle tient compte à la fois des symptômes cliniques et du bilan immunitaire de l'enfant.

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Cinq ans après, cette classification montre déjà ses limites. En effet, une fois que le développement d'un symptôme a classé un enfant dans une catégorie, aucun retour à la catégorie précédente n'est autorisé même lorsque les signes cliniques ont disparu. Ceci est peu compatible avec le progrès actuel des thérapeutiques.

5.2. MANIFESTATIONS BUCCO-DENTAIRES

5.2.1. Classification (1999).

Groupe 1 : lésions fréquemment associées

- Candidoses : pseudomembraneuse, érythémateuse ou chéïlite angulaire
- Infection à Herpes Simplex Virus
- Erythème gingival linéaire (ancienne gingivite à V.I.H.)
- Pathologies des glandes salivaires : hypertrophie uni- ou bilatérale des glandes salivaires majeures
- Ulcérations aphteuses récidivantes : aphte mineur, majeur ou herpétiforme.

Groupe 2 : lésions moins fréquemment associées

- Infections bactériennes des tissus buccaux
- Pathologies parodontales : gingivite ulcéro - nécrotique, parodontite ulcéro - nécrotique, stomatite nécrotique
- Dermatite séborrhéique
- Infections virales : Cytomégalovirus, Papillomavirus humain, Molluscum contagiosum
, Virus varicelle-zona
- Xérostomie

Groupe 3 : lésions fréquentes dans l'infection à V.I.H. mais rares chez les enfants

- Néoplasmes : sarcome de Kaposi, lymphome non hodgkinien
- Leucoplasie villeuse
- Ulcérations liées à la tuberculose



5.2.2. Les manifestations dentaires

5.2.2.1. Les caries dentaires
Elles sont :

- Plus fréquentes en denture temporaire qu'en denture permanente.
- Localisées de façon préférentielle sur les dents temporaires, mais en denture mixte.
- Touchent toutes les dents de l'arcade, sans localisation prédominante.
- Plus fréquentes chez les enfants infectés par le VIH.


Les facteurs favorisants sont les suivants :

- Les habitudes alimentaires sont moins contrôlées par les parents.
- L'hypernutrition
- Certaines médications sucrées ont un rôle dévastateur sur les dents.
- Les pathologies salivaires peuvent être une explication à l'augmentation bactérienne dans la salive : elles entraîneraient une diminution directe de la fonction salivaire et une stimulation des facteurs cariogènes .
- L'infection à V.I.H. en tant que telle ne semble pas intervenir dans la pathogénie carieuse de ces enfants.


5.2.2.2. Les anomalies dentaires
Les auteurs s'en tiennent à décrire des dysplasies de l'émail sans établir le moindre lien avec l'infection à V.I.H.. Ils préfèrent envisager une étiologie multifactorielle comme une étiologie génétique ou des dysfonctions immunes.
Dans la littérature, on ne retrouve pas de consensus à propos des anomalies d'éruption et de l'infection au V.I.H., et peu d'études s'attachent à cette anomalie en particulier. Seuls des retards d'éruption dentaire sont décrits.


5.3. APPROCHE ODONTOLOGIQUE

5.3.1. L’anamnèse
Il est important de travailler en collaboration avec l’équipe soignante pour connaître les stades clinique et biologique de l’infection, les infections opportunistes précédentes.

5.3.2. Les médications à éviter au cabinet dentaire

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5.3.3 Approche odontologique

5.3.3.1 La prévention et l'hygiène bucco-dentaire
La prévention et le traitement des pathologies buccales associées au SIDA doivent être absolument pris en charge par le chirurgien-dentiste afin de maintenir la qualité de vie et de prévenir des complications sévères.
Le but essentiel est d'obtenir une bouche saine, sans plaque bactérienne visible. Dans un premier temps, on explique aux parents quel est l'intérêt pour leur enfant d'avoir une bouche en parfaite santé et quelles sont les méthodes d'hygiène efficaces. Les résultats sont d'autant meilleurs que ces techniques préventives sont mises en place dès que l'on a identifié la séropositivité de l'enfant. Cette démarche doit être entreprise par l'équipe soignante et réévaluée régulièrement. Les parents sont associés à ces séances de motivation.


5.3.3.2 Les soins bucco-dentaires chez les enfants infectés par le VIH

La fréquence des contrôles et des soins.
Les visites de contrôle doivent être nombreuses et régulières, au moins tous les 6 mois. L’idéal serait des visites tous les 2 à 3 mois pour un contrôle régulier ou pour soulager les douleurs quelque soit le stade du S.I.D.A..
Les séances de soins restent conventionnelles. Cependant 2 situations sont à considérer. Si le patient est en phase aiguë de sa maladie, seule l’urgence sera traitée. Si l’enfant est en phase de rémission, tous les traitements classiques peuvent être envisagés et ne posent aucun problème matériel.
Les rendez-vous sont pris le matin car l’enfant est plus calme. Une antibioprophylaxie est prescrite dans certains cas pour prévenir une infection focale (chirurgie, traitement parodontal appuyé, pulpectomie).
Notre rôle est de soigner les caries par les moyens pédodontiques classiques. La prophylaxie de la carie est primordiale compte tenu du contexte médical de l’enfant. Les apports de fluor par voie systémique ou topique sont conseillés. Des actes préventifs, type scellements de sillons, sont réalisés sur les dents permanentes.

5.3.4. Conduite à tenir en cas de piqûre ou de coupure

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