4. L'ENFANT ASTHMATIQUE

4.1. RAPPELS

L'asthme est une maladie chronique fréquente qui touche 10 % des enfants d’âge scolaire. Chez l’enfant, l’asthme est plus fréquent chez le garçon que chez la fille ; mais à l’adolescence, le sexe ratio est identique.
L’association d’une prédisposition génétique et de facteurs environnementaux (allergies : poussière, acariens, virus, tabac, pollution atmosphérique), entraîne une inflammation chronique de la muqueuse bronchique et une hyperréactivité des voies aériennes. Puis l’exposition de ces voies aériennes sensibilisées, à des facteurs déclenchants, conduisent à un rétrécissement des voies aériennes et donc aux manifestations cliniques de l’asthme.
Les enfants sont traités médicalement au salbutamol (Ventoline) par voie orale (10 mg/kg/j ) et par de la kinésithérapie respiratoire.

Si les crises apparaissent 3 à 4 fois par an : l'asthme est dit bénin.
Si les crises sont quotidiennes : l'asthme est dit sévère.

Les signes cliniques sont :
- toux d'effort,
- essoufflements,
- douleurs abdominales,
- dyspnée sifflante expiratoire,
- toux nocturne,
- bronchites répétées,
- râles bronchiques à l'auscultation.

Les signes graves s'expriment sous la forme de :
- cyanose,
- sueur,
- tachycardie,
- hypertension,
- troubles de la conscience.


4.2. MANIFESTATIONS BUCCO-DENTAIRES

Il n'y a pas de manifestations spécifiques ; elles sont liées au traitement. Il s'agit de candidoses dont l'apparition résulte de pulvérisations répétées d'aérosols-doseurs à base de corticoïdes chez les asthmatiques chroniques.


4.3. APPROCHE ODONTOLOGIQUE

4.3.1. L’anamnèse
Le chirurgien-dentiste doit se mettre en rapport avec le médecin traitant pour savoir si l'enfant est désensibilisé ou non, connaître la fréquence des crises, leur évolution et leur étiologie et le
traitement en cours.

4.3.2. Prémédication sédative
Limiter le stress constitue une des meilleures préventions d'apparition de la crise d'asthme.
Soins de courte durée et RDV le matin.
Pas de narcotiques ni de barbituriques car ce sont des dépresseurs respiratoires.
En revanche, les anxiolytiques à demie-vie intermédiaire sont recommandés chez un patient anxieux.
La sédation consciente avec du MEOPA est une approche de choix (car MEOPA non irritant des voies respiratoires et non dépresseur respiratoire).

4.3.3. Anesthésie
Les anesthésiques locaux (AL) type amide sont indiqués (effet bronchodilatateur). Les AL type ester sont contre-indiqués.
Le chirurgien dentiste doit préférer la noradrénaline comme vasoconstricteur.

4.3.4. Prescriptions
Il faut éviter :
- Les médicaments allergisants ou connus pour déclencher une crise.
- Les médicaments dépresseurs respiratoires.
-
Les macrolides font augmenter la forme libre de salbutamol (Ventoline) circulante au détriment de la forme liée aux protéines et provoquent alors un surdosage. Cela peut engendrer des convulsions et des troubles de la conscience.
- Les Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens (indométacine).
- Les barbituriques.
- Les produits salicylés : on préfère le paracétamol.

4.3.5. Les soins
Poser la digue : la feuille doit être trouée à distance de la dent porteuse du crampon pour faciliter la respiration.
Il faut supprimer les foyers infectieux bucco-dentaires ; les traitements conservateurs sont préférés aux avulsions.
Le patient devra apporter ses médicaments habituels.
Si le malade est sous corticothérapie par voie générale, les actes chirurgicaux se font sous antibiotique.
Ne jamais arrêter la corticothérapie d'un patient.

4.3.6. En cas de crise d'asthme
- Il faut arrêter les soins, placer le malade dans une position assise ou semi-assise qui facilite la respiration.
- Oxygéner : 10 à 15 l/min.
- Donner du salbutamol (Ventoline) par pulvérisation de 1 à 2 s. On peut renouveler les pulvérisations une ou deux fois si besoin.
- Si la crise persiste, il faut injecter un corticoïde d'action rapide (Celestène, Soludecadron) et appeler une équipe médicale d'urgence.