2. LE DIABETE
C’est une des pathologies
de la fonction endocrine pancréatique.
La fréquence du
diabète varie d’un pays à l’autre, mais on note
en France une fréquence de 1/3000 enfants
atteints.
D’une manière générale, ces cas sont en augmentation
durant ces dernières décennies et notamment chez les jeunes
enfants.
Le diabète s’accompagne d’un risque de
complications métaboliques aiguës, redoutées par le
patient, au premier rang desquelles
l’hypoglycémie.
2.1.
RAPPELS
Les hormones
responsables du métabolisme des hydrates de carbone sont
produites par les cellules du pancréas et plus précisément
par les cellules des îlots de Langerhans. Le
glucagon,
sécrété par les cellules de type , élève la glycémie alors
que les cellules du type sécrètent l’insuline
qui est
hypoglycémiante. Le diabète insulino-dépendant se définit
comme une atteinte progressive des cellules de type . Chez
l’enfant, c’est la diminution, voire la
disparition de la sécrétion d’insuline qui est à
l’origine du diabète. Cette diminution de sécrétion
est due à la destruction des îlots de Langerhans du
pancréas selon un mode auto-immun.
On distingue classiquement deux formes de diabète :
- Le diabète
non-insulino-dépendant (type 2) retrouvé essentiellement
chez l’adulte.
- Le diabète
insulino-dépendant (type 1) rencontré le plus fréquemment
chez l’enfant.
Le diabète insulino-dépendant est souvent découvert de
manière fortuite. Son apparition est le plus souvent
brutale, révélée par un malaise hyperglycémique dont les
symptômes sont : une soif intense, une fréquente envie
d’uriner, une fatigue générale, une perte de poids,
l’enfant risque alors de tomber dans un coma
acido-cétonique.
Les diabètes sucrés ont tous en commun un signe biologique
constant : l’élévation permanente ou quasi-permanente
de la glycémie au-delà des limites statistiques de
normalité (1,4g/l à jeun ou 2g/l, 1 heure et demie après le
repas).
Chez
l’enfant, la découverte du diabète insulino-dépendant
entraîne des perturbations psychologiques indiscutables.
L’enfant peut être peu réceptif au dialogue médical,
refuser le traitement. La dépression est une réaction
insidieuse et malheureusement relativement
fréquente.
2.2.
MANIFESTATIONS BUCCO-DENTAIRES
Développement
important du tartre sous-gingival. Sa présence chez
l’enfant semble constituer un signe pathognomonique
du diabète chez l’enfant.
Fréquence carieuse plus
importante par augmentation du taux de glucose salivaire et
diminution du pH.
Lésions gingivales liées à la
micro-angiopathie et à la présence du tartre sont
exceptionnelles chez l'enfant car liées à l'ancienneté du
diabète..
2.3.
APPROCHE ODONTOLOGIQUE
2.3.1.
L’anamnèse
L’anamnèse par le
chirurgien-dentiste doit comporter un certain nombre de
points :
Contacter le service médical
qui assure le suivi de la maladie de l’enfant et
précise l’ancienneté de la maladie, afin de pouvoir
évaluer le risque de complications possibles (oculaires,
cardio-vasculaires, neurologiques).
Préciser la date du dernier
contrôle médical. C’est, en effet, une importante
indication du suivi du patient. De plus, le dosage des
hémoglobines glycosylées permet un rétrocontrôle de la
glycémie de l’enfant.
Préciser le type de traitement
(type d’insuline et fréquence des injections) pour
déterminer le moment opportun de la journée pour un
rendez-vous. Un rendez-vous matinal (ou juste après un
repas) est souhaitable, car la glycémie est élevée et
l’activité insulinique faible. On diminue ainsi le
risque d’hypoglycémie.
Préciser la fréquence des accidents hypoglycémiques, qui
peut inciter à différer une intervention longue ou
traumatisante pour le patient.
Préciser la collation prise par
le patient avant de venir au cabinet ainsi que sa dose
d’insuline.
2.3.2. L’anesthésie
Les
soins devront être effectués sous un très bon contrôle du
stress et de la douleur, et par conséquent, sous
anesthésie.
Les facteurs
psychologiques, tels que le niveau
d’anxiété-dépression, phobie du sang et des blessures
influencent l’équilibre glycémique et favorisent la
survenue d’hypoglycémie sévère. Pendant longtemps,
l’anesthésie avec vasoconstricteur de type
adrénergique a été refusée au sujet diabétique. Cependant,
leur pouvoir hyperglycémiant est relativement faible. Le
rôle bénéfique de l’adrénaline contenue dans
l’anesthésique compense largement la fonction
antagoniste de l’insuline.
2.3.3.
Prescriptions
Il est important de noter que l’infection ne semble
pas plus fréquente chez l’enfant diabétique que chez
l’enfant non-diabétique, dès lors où le diabète est
bien équilibré.
La
prescription d'antibiotiques devra être :
Curative,
c’est-à-dire en cas de complications de la nécrose
pulpaire, d’accidents d’évolution des dents de
sagesse, et d’infection osseuse ou parodontale.
Prophylactique
dans le cas d'un
diabète mal équilibré. Il n'est pas obligatoire de
pratiquer une antibioprophylaxie systématique chez l'enfant
diabétique insulino-dépendant bien équilibré.
Il faut veiller
à ne pas prescrire d'antibiotique dont l'excipient est à
base de sucres rapides, car cet apport "clandestin" peut
représenter plusieurs morceaux de sucre par jour, ce qui
n'est pas souhaitable. Il nous faut par conséquent
prescrire des sirops antibiotiques à faible teneur en
saccharose (A-Gram, Bristamox et Josacine) voire sans sucre
(Clamoxyl) ou une forme galénique non cariogène (comprimés
ou gélules à avaler).
2.3.4.Les soins
L’enfant diabétique bien
équilibré ne se distingue pas, d’un point de vue
biologique, d’un enfant non-diabétique.
Par
contre, l’enfant diabétique mal équilibré est adressé
au chirurgien-dentiste pour rechercher et éradiquer des
foyers infectieux parodontaux ou péri-apicaux. Toute
infection peut déséquilibrer le traitement du diabète.
Une mise en condition préalable de la cavité buccale est
nécessaire : enseignement des méthodes de brossage,
détartrage régulier.
Des actes
préventifs type restauration préventive ou scellement de
sillons sont particulièrement indiqués étant donnée la
forte fréquence carieuse de ces enfants.