2. PATHOLOGIE CARIEUSE de la DENT
TEMPORAIRE
Les critères
de diagnostic d’une lésion carieuse sont cliniques et
radiologiques. Ils sont fonction de :
- la
localisation de la carie,
- l’étendue de la perte substance,
- la coloration des tissus durs,
- la texture des tissus,
- la présence ou non de dentine réactionnelle,
- la sensibilité.
La
pathologie carieuse de la dent temporaire atteint le plus
souvent les surfaces occlusales des molaires. Celles-ci
présentent une anatomie tourmentée (puits et fissures
profonds) qui s’amenuisent avec l’usure :
les surfaces occlusales deviennent alors moins susceptibles
à la carie.
Puis, avec l’éruption des dents de six ans les
espaces interdentaires se réduisent au niveau des molaires
temporaires et cela favorise l’apparition de caries
proximales.
La reprise de la
croissance vers 9, 10 ans crée parfois des espaces
encourageant les bourrages alimentaires donc
l’éclosion de lésions proximales.
Les incisives mandibulaires (temporaires ou définitives)
sont moins fréquemment atteintes que les incisives
maxillaires, en raison de la protection du flux salivaire.
2.1.
LA CARIE EVOLUTIVE
Localisation :
elle siège au niveau des faces proximales.
Les caries
jumelles sont l’expression la plus
courante de la carie évolutive. Elles sont situées au
niveau de la face distale de la première molaire temporaire
et au niveau de la face mésiale de la deuxième molaire
temporaire.
Aspect
clinique :
Peu
étendu, ce type de lésion carieuse se propage rapidement en
profondeur souvent sans dentine réactionnelle pour aboutir
à une nécrose pulpaire souvent asymptomatique.
Les lésions carieuses n’apparaissent pas
simultanément (celles de la face distale sont plus
importantes).
Evolution :
ces lésions évoluent vers l’effondrement des crêtes
marginales favorisant les tassements alimentaires et la
compression de la papille : c’est le syndrome du
septum (douleurs très vives exacerbées après les repas).
Un dépistage radiographique évite la propagation de la
lésion carieuse souvent asymptomatique.
Thérapeutique :
elle comprend plusieurs étapes :
Le
curetage de la lésion carieuse (désinfection mécanique)
L’utilisation d’antiseptiques (désinfection
chimique) avec ClONa ou ammonium quaternaire,
Une protection pulpaire s’il y a lieu, (voir chapitre
thérapeutique pulpaire).
La reconstitution des dents avec restauration des points de
contact.
2.2.
LA CARIE ARRETEE
Localisation :
ce type de carie se développe essentiellement au niveau des
faces occlusales des molaires mais siège aussi au niveau
des faces vestibulaires et proximales des incisives et des
canines.
Aspect
clinique : les lésions formées sont
étendues avec formation de dentine réactionnelle. La
coloration du tissu dentinaire est caractéristique, allant
du brun clair au noir. La surface est lisse, dure,
brillante et insensible.
L’absence de sensibilité est due à une
reminéralisation superficielle (sclérose dentinaire) et à
la dentine réactionnelle en profondeur.
Evolution :
l’évolution est lente et uniforme, répartie en
surface.
Thérapeutique :
- Concernant le
groupe molaire, ces pertes de substance
coronaire, même extrêmement importantes, ne constituent en
aucun cas des indications d’extraction ; elles
font l’objet de reconstitutions complexes, par
exemple à l’aide de couronnes pédodontiques
préformées, qui permettent de maintenir la longueur
d’arcade et la dimension verticale au niveau des
molaires.
- Concernant le
groupe incisivo-canin, les restaurations
s’effectuent à l’aide de composites ou encore
par l’emploi de moules préfabriqués en polycarbonate.
Ces reconstitutions sont d’autant plus aisées que la
grande quantité de dentine réactionnelle permet
d’éviter dans la majorité des cas, des complications
pulpaires.
2.3.
LES POLYCARIES : LE SYNDROME DU
BIBERON
Ou Carie de
la Petite Enfance (Early Childhood Carie). Elles sont liées
à un régime alimentaire trop lacté et/ou trop riche en
sucre (biberon de lait ou de sirop du soir....).
Localisation :
Le syndrome du biberon est
caractérisé par une atteinte précoce du secteur incisif
supérieur (entre 2 et 3 ans). En l’absence
d’une prise en charge thérapeutique, des lésions
apparaissent au niveau de toutes les dents y compris des
incisives inférieures.
Toute la denture temporaire est alors atteinte.
S’agissant des molaires, les lésions concernent
successivement les premières molaires supérieures puis les
premières molaires inférieures et enfin les deuxièmes
molaires.
Aspect
clinique :
Les lésions se caractérisent par des pertes de substance en
surface (caries rampantes) et en profondeur. Les caries
débutent au niveau des faces vestibulaires, évoluent en
ceinturant la dent au point de provoquer la fracture de la
couronne.
Il est possible de distinguer 5 stades :
- 0 : pas d’atteinte
- 1 : leucome précarieux au niveau des faces vestibulaires
- 2 : déminéralisation, ulcération de l’émail
- 3 : lésions en profondeur du syndrome dentinaire au
syndrome pulpaire ; gingivite
érythémateuse
- 4 : stade des complications
Evolution :
L’évolution est rapide et conduit à la destruction
des organes dentaires, rendant l’enfant très
handicapé sur le plan fonctionnel et esthétique.
Thérapeutique :
Le
traitement des polycaries est complexe et doit être global.
Il comprend d’une part :
- un
contrôle de plaque par une hygiène parfaite,
- une action sur l’alimentation par régulation
de la consommation de sucres,
- un renforcement du « terrain » par un
apport fluoré.
Pasted Graphic
Caries
précoces caractéristiques (en-dessous de la ligne
néonatale)
Il comprend d’autre part :
- une
désinfection de la totalité de la cavité buccale par
curetage des lésions carieuses et mise en place d’un
pansement de type oxyde de zinc eugénol renforcé ou de type
CVI,
- une
thérapeutique conservatrice des dents atteintes (traitement
pulpaire éventuel et restaurations complexes),
- des extractions si nécesaire,
- une réhabilitation esthétique et fonctionnelle qui passe
par la pose de mainteneurs d’espace.
Les
dents permanentes en évolution sont l’objet dans le
même temps d’obturations prophylactiques.
2.4. LA MELANODONTIE INFANTILE : ADAMANTOSE DE
BELTRAMI
Localisation :
La lésion primaire est située dans l’émail de part et
d’autre de la ligne néonatale conférant à cette
affection un caractère constitutionnel typique.
Certains auteurs ont mis en avant la notion de
dégénérescence en appelant cette lésion primaire
“adamantose de Beltrami”. Son étiopathogénie
reste encore obscure : il s’agit
vraissemblablement d’une forme précoce de polycarie
arrêtée. Les lésions s’expriment suivant la
chronologie de leur éruption à l’exception des
incisives inférieures.
Aspect
clinique :
L’aspect clinique rejoint
celui du syndrome du biberon.
Evolution :
Elles
touchent l’émail, la dentine puis n’évoluent
plus en profondeur mais s’étalent.
Traitement :
Après traitement des lésions,
fluorations topiques (gels, vernis).