La physiologie des incisives
temporaires passe par trois stades :
Une
atteinte, même minime, du secteur antérieur ne doit pas
être négligée en raison du caractère contagieux de la carie
et de la faible résistance des tissus durs
temporaires ; ce type de lésion évolue rapidement vers
une atteinte de l’angle voire de la face vestibulaire
puis de la couronne.
Le syndrome du biberon provoque une destruction importante
voire complète du secteur incisivo-canin et cela, en âge
périscolaire. La disparition de ce secteur même partielle
entraîne, une perte des repères :
-
Au niveau de
l’occlusion (guide antérieur, latéralités),
-
Au niveau des
fonctions (phonation, préhension des aliments),
-
Au niveau
psychologique (préjudice esthétique).
Les sites touchés par ordre décroissant de fréquence
sont :
-
Les faces mésiales
des incisives centrales supérieures,
-
Les faces mésiales
des incisives latérales et les faces distales des incisives
centrales,
-
Les faces
proximales des canines,
-
Lors d’un
syndrome du biberon, la face palatine des canines est
également concernée.
Il convient d’évaluer le stade d’évolution de
la lésion carieuse :
-
Cliniquement :
tests de vitalité, signes objectifs et subjectifs,
-
Radiologiquement : rapport
de la cavité carieuse avec la pulpe, stade physiologique,
résorption pathologique.
Le traitement de ces lésions, sur le plan biomécanique,
obéit à trois types de cavités : cl. III, cl. IV et
cl.V. Le geste thérapeutique est facilité par la présence
de diastèmes interdentaires (à partir de 4 ans). En
l’absence de ces derniers, l’accès se fait par
voie vestibulaire : l’efficacité est priviligié
par rapport à l’esthétique dans le cas des dents
temporaires. Lors d’un encombrement soit constitutif,
soit acquis (migration dentaire par perte de volume due à
la carie), il faut pratiquer un slice (fraise Komet 6889).
La reconstitution étant effectuée avec des matériaux
adhérents, l’éviction du tissu carié (fraise boule
sur contre-angle et excavateur) guide la forme de la
cavité. Le but à atteindre est l’obtention d’un
curetage intégral avec une mutilation minimale.
L’émail des dents temporaires étant moins minéralisé,
l’adhérence des matériaux composites est de moindre
qualité.
Il faudra par conséquent tout mettre en œuvre pour
améliorer l’adhérence des obturations :
-
Un biseautage au
niveau de l’émail (augmentation de la surface de
mordançage = augmentation de la rétention grâce à une
fraise Komet 801 010 par exemple). La préparation du
bandeau d’émail permet, par ailleurs, de supprimer
les angles vifs.
-
Les surfaces
destinées au collage sont nettoyées avec du CIONa.
-
La dentine mise à
nu peut être protégée par un matériau dont
l’épaisseur doit être celle d’un film (pour
laisser de la place au collage), cependant, un produit de
coiffage est rarement nécessaire : il peut être
avantageusement remplacé par l’adhésif du composite
dès lors que la cavité est correctement curetée et
désinfectée.
-
Afin de
perfectionner l’adhérence des matériaux
d’obturation au niveau de la dentine, la cavité peut
être comblée aux 2/3 avec un verre ionomère ou un compomère
sous un matériau composite (technique sandwich).
Les matériaux de comblement utilisés sont les compomères
pour les classes III et V, les compomères et composites
pour les classes IV en technique sandwich (effectuer un
mordançage avant l’utilisation d’un compomère).
Pour les classes III , la matrice est constituée d’un
strip polycarbonate coupé aux proportions
de la cavité et
adapté à l’aide d’un coin interdentaire.
Pour les lésions plus étendues, un moule (Odus, Caulk) est
rempli de composite.
L’occlusion est favorable la plupart du temps
permettant d’envisager, à la qualité du collage près,
la stabilité de ces reconstitutions.
La situation la plus extrême rejoint le mainteneur
d’espace : l’évolution des lésions aboutit
parfois à l’extraction des organes dentaires
conduisant à la mise en place d’un appareil fixe ou
amovible dont les bénéfices seront expliqués au chapitre
« Mainteneur
d’espace ».