1. LES PULPOPATHIES
Les
pulpopathies en denture temporaire génèrent inflammation
puis infection avec des étapes cliniques moins marquées
qu’en denture définitive.
1.
1. PARTICULARITES DES DENTS TEMPORAIRES
En
fonction des stades physiologiques des dents
concernées :
Au stade
1, la
réparation est toujours possible. Le but des thérapeutiques
est de conserver la vitalité.
Au stade
2, les
atteintes pulpaires sont très rapides et l’atteinte
parodontale fréquente. La réparation est encore possible.
Le but des thérapeutiques est de conserver la dent sur
l’arcade (mainteneur d’espace naturel).
Au stade
3, la
physiologie est orientée vers le remplacement de la dent
temporaire par la dent définitive, du parodonte temporaire
vers le parodonte définitif. Les pathologies sont toujours
à évolution rapide. La réparation pulpoparodontale est
impossible. Le but des thérapeutiques est a priori de
conserver la dent, mais néanmoins, à ce stade il faudra
savoir extraire et envisager un mainteneur d’espace
si nécessaire.
Par ailleurs, la notion de « vitalité » est peu
fiable pour connaître l’état pulpaire :
On
peut observer des pathologies de la furcation sur dent
vitale.
Il n’est pas rare d’observer conjointement une
nécrose pulpaire et la persistance d’un filet
pulpaire canalaire vital.
Les tests de vitalité sont plutôt subjectifs donc peu
exploitables chez l’enfant. Mais cela ne dispense pas
de les faire.
De plus, l’anamnèse offre peu d’éléments de
diagnostic. Pour l’enfant, il est difficile
d’exprimer les phénomènes douloureux, notamment en
raison du manque de vocabulaire à un certain âge. Les
antécédents douloureux de type pulpite sont presque
inexistants car l’évolution la plus fréquente des
pulpopathies est de type asymptomatique.
Cette évolution de type asymptomatique est liée :
- A
l’anatomie d’une part. Le réseau canalaire est
anarchique et complexe (la pulpe n’est pas toujours
concernée dans son ensemble).
- A la physiologie d’autre part
(l’envahissement bactérien est rapide, la réponse
n’a pas le temps de s’organiser).
Enfin, le diagnostic n’est posé qu’après
confrontation des bilans clinique (observation des tissus
mous environnants) et radiologique. En effet,
l’observation radiologique est essentielle :
elle seule permet de faire le bilan de l’état des
zones péridentaires, de la zone de furcation, des zones
parodontales et de la dent définitive sous-jacente.
Le traitement
est fonction de la pathologie mais aussi du contexte
familial : possibilité d’un suivi, par exemple.
1.2.
LES PATHOLOGIES PULPAIRES ET
PULPO-PARODONTALES
1.2.1. Le
syndrome du septum
Signes subjectifs :
- A l’interrogatoire,
l’enfant se plaint d’une douleur vive,
essentiellement pendant et après les repas, localisable à
une hémi-arcade voire au mieux à 2 dents.
- La douleur cède à des antalgiques classiques.
- Elle se manifeste tant que la destruction coronaire des
zones proximales n’est pas suffisante pour assurer un
nettoyage automatique.
Signes cliniques :
- Les dents sont atteintes de
caries proximales (localisation préférentielle entre les 2
molaires temporaires).
- La papille interdentaire est enflammée, congestive.
- L’inflammation peut s’étendre à toute
l’attache épithéliale.
Signes radiologiques :
- Présence de caries
proximales.
- Eventuel épaississement ligamentaire peu marqué.
- Intégrité ou non des zones alvéolaires car le syndrome du
septum peut siéger aussi bien au niveau de dents indemnes
d’atteintes pulpaires qu’au niveau de dents
nécrosées.
Diagnostic
différentiel :
- Inflammation pulpaire
occasionnée par une carie proximale évolutive.
- Lésion parulique (abcès gingival au collet de la dent)
signant une atteinte osseuse en relation avec une nécrose
pulpaire.
Décision
thérapeutique :
Elle est prise en fonction du
stade physiologique de la dent. Elle vise à restaurer les
volumes coronaires et le point de contact. Selon la
profondeur de la lésion, la pulpe est traitée ou non.
1.2.2.
La pulpite
Signes subjectifs :
Douleurs nocturnes
Le plus souvent, la douleur est de très courte durée et
cède aux antalgiques habituels si bien que l’enfant
ne vient pratiquement jamais consulter pour cette
pathologie.
Signes cliniques :
Ils correspondent à ceux des
lésions carieuses c’est-à-dire douleur au sucre,
froid et chaud.
Signes radiologiques :
Cavitations carieuses proches
de la pulpe.
Absence d’atteinte osseuse péridentaire ou
interradiculaire.
Diagnostic
différentiel :
Une douleur aiguë et pulsatile
après le repas est fréquemment l’expression
d’un syndrome du septum.
Mais le diagnostic différentiel est souvent malaisé. En cas
de doute, il est préférable de considérer qu’il y a
atteinte pulpaire.
Décision
thérapeutique :
Traitement pulpaire adapté au
stade physiologique de la dent : pulpotomie ou
pulpectomie.
1.2.3.
La nécrose pulpaire sans atteinte pulpo-parodontale
C’est la pathologie la
plus fréquente d’une dent temporaire cariée
n’ayant pas été traitée précocement.
Signes subjectifs,
cliniques, radiologiques :
- Comparables à ceux du
syndrome du septum ou de la pulpite, peu spécifiques.
- Seule l’exploration clinique de la cavité permet de
poser le diagnostic.
Décision
thérapeutique :
- Au stade 2, la pulpectomie
reste la thérapeutique de choix.
- Aux
stades 1 et 3, la pulpotomie est préférée en raison de
l’anatomie canalaire
-
Attention : Certains filets radiculaires sont
nécrosés, d’autres restent vivants ; il faut
toujours pratiquer une anesthésie.
1.2.3. La
pathologie de la furcation
La
furcation est le siège de nombreuses complications de la
dent temporaire. Elle est aussi le lieu
d’interférences avec la dent définitive en cours de
formation.
La pathologie de la furcation constitue une réelle
difficulté dans le choix des thérapeutiques et limite les
possibilités de conservation de la dent par les
thérapeutiques endodontiques. Elle reste en dehors des
considérations d’état général, une des raisons
majeures d’extraction des molaires temporaires
(surtout au stade 3).
Signes cliniques :
- Abcès gingival proche de
l’attache épithéliale.
- Cette pathologie parodontale peut être indépendante
d’une pathologie pulpaire ou au contraire associée à
une nécrose pulpaire.
Signes radiologiques :
- Signes précoces :
élargissement périodontal au niveau de la surface
interradiculaire ou perte osseuse limitée à un seul côté du
septum interradiculaire.
- Signes avancés : disparition complète de
l’architecture de l’os interradiculaire.
Décision thérapeutique :
- Aux stades 1 et 2, la
conservation peut être envisagée.
- Au stade 3, l’extraction est effectuée.
1.2.4. La
nécrose pulpaire avec atteinte pulpo-parodontale
La forme
aiguë
Cette
forme aiguë s’observe plus fréquemment au stade 2.
Signes cliniques :
- Antécédents de douleurs
vives, spontanées, pulsatiles et répétitives.
- Signes concomitants : cellulite plus ou moins
circonscrite à localisation sélective en fonction de la
dent concernée.
- Adénopathie fréquente.
- Altération de l’état général : hyperthermie,
inappétence, asthénie.
- A la palpation : mobilité dentaire et douleurs
provoquées à la moindre pression.
Signes radiologiques :
- Ils ne sont pas toujours en
rapport avec le tableau clinique : la participation de
l’os peut exister à un stade débutant sans signe
radiologique.
Décision
thérapeutique :
La
conservation de la dent, par traitement et obturation
canalaires, est choisie si les critères suivants sont
réunis : bon état général de l’enfant, cavité
buccale assainie, reconstitution coronaire durable
possible, coopération de l’enfant, suivi possible
(coopération des parents).
La forme
chronique
Cette
forme chronique s’observe plus fréquemment au stade
3.
Signes subjectifs :
Comparables à ceux du syndrome
du septum.
Signes cliniques :
Destructions coronaires souvent
importantes.
Papilles interdentaires congestionnées et hyperplasiques,
comme dans le syndrome du septum.
Abcès apical de l’attache épithéliale dans certains
cas.
Mobilité inconstante.
La palpation vestibulaire permet de soupçonner la
disparition de l’os alvéolaire, les muqueuses
gingivales prennent un aspect congestif.
Mais, les signes cliniques peuvent être totalement
inexistants en dehors de la seule présence de lésions
carieuses.
Signes radiologiques :
Absence de radio-opacité de
l’os alvéolaire interradiculaire et interdentaire au
niveau de la lésion.
Décision thérapeutique :
Les thérapeutiques
conservatrices par traitement et obturation ne seront
entreprises que si l’état général, l’état de la
cavité buccale l’autorisent et que l’assurance
soit donnée d’un contrôle clinique et radiographique
régulier.
L’extraction pourra être
envisagée d’emblée au stade 3.
En
conclusion :
Le dépistage
et le traitement précoce des lésions carieuses permet la
conservation de la vitalité pulpaire.
Dans les cas de lésions pulpo-parodontales, il faut souvent
savoir extraire.